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Une catastrophe humanitaire dont personne n’a cure

Plus de 400 morts, 8 millions d’habitants touchés et 75 % des cultures détruites : les inondations qui touchent la région du Sind, au sud du pays, sont dans certains districts pires que l’an dernier. Les victimes se sentent abandonnées par des autorités hypocrites et corrompues.

 

"C'est la pire catastrophe naturelle que j'ai jamais vue", reconnaît Fehmida Mirza tout en assurant aux habitants de sa circonscription qu'elle restera à leurs côtés jusqu'à la fin de cette crise. Les fonctionnaires de la province du Sind [sud du Pakistan] ont beau affirmer avoir reçu l'aide de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes [la National Disaster Management Authority], Muhammard Chandio, un paysan du district de Khairpur, lui n'en a rien vu. "J'ai perdu toute ma récolte de canne à sucre, déplore-t-il. Le gouvernement nous a abandonnés. Deux de mes enfants sont morts de faim".

Le président pakistanais, Asif Zardari, a récemment annoncé le déblocage d'une aide supplémentaire de deux milliards de roupies [17 millions d'euros] à destination des victimes des inondations. L'argent sera distribué aux autorités chargées de la coordination locale et le président a indiqué qu'il veillerait personnellement à sa répartition. Mais les méthodes de redistribution soulèvent quelques questions. "Où est le gouvernement ?", s'exclame Fatima, 22 ans, qui vit aujourd'hui dans une tente en plastique de 1,20m sur 2,40m. "Pourquoi nous a-t-on abandonnés ?"

Le Premier ministre, Yousaf Raza Gilani, s'est rendu dans les régions sinistrées du Sind afin de distribuer de l'aide à des victimes. Selon certains, cette visite médiatisée était en fait une mise en scène, avec des victimes jouées par des policiers en civil. Le Premier ministre a annoncé l'octroi d'une aide de 20 000 roupies [167 euros] pour chaque foyer sinistré. Ces promesses n'ont toutefois pas été tenues. Le ministre en chef du Sind, Qaim Ali Shah, a déclaré ne même pas être au courant de l'offre faite par le Premier ministre. L'organisation caritative britannique Oxfam estime que plus d'un million de personnes auraient besoin d'une aide alimentaire immédiate. Faute de quoi, le nombre de victimes dues à la famine risque d'augmenter.

Cette catastrophe aura également des répercussions économiques à long terme. "[Le pays] a subi des dégâts importants, notamment concernant les champs de coton et de piment", explique un fonctionnaire. Certains responsables locaux ont pourtant été aperçus revendant des colis d'aide d'urgence, dont des sacs de farine vendus de 200 à 500 roupies pièce [1,7 à 4 euros]. "Les axes routiers ont été coupés en plusieurs endroit de la province après l'effondrement de certains ponts", explique Elahi Bux, fonctionnaire du district de Sanghar. Des soldats à bord de canots sont venus en aide à des centaines de personnes durant le week-end du 17 et 18 septembre, même si certaines victimes affirment avoir dû payer les soldats pour monter à bord, ce que les autorités militaires démentent. Mais d'après les spécialistes, l'armée est intervenue trop tardivement. "Près de 500 camps accueillent aujourd'hui des milliers de personnes, a déclaré Qaim Ali Shah. Ils sont encore bien plus nombreux à avoir investi les digues et autres endroits émergés pour dormir sous des bâches". Bon nombre de victimes racontent toutefois qu'elles n'ont même pas un toit de toile sous lequel dormir. Certains ont vu des cadavres vieux de deux ou trois jours dans les zones les plus gravement touchées. Les minorités religieuses [notamment les hindous] de la province se plaignent également de discrimination. L'aide internationale est en route. La Chine s'est engagée à verser pour 4,7 millions de dollars [3,4 millions d'euros] d'aide d'urgence et son ambassadeur au Pakistan a déjà donné un chèque de 50 000 dollars [37 000 euros] à l'autorité de gestion des catastrophes. La fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge (IFRC) a lancé un premier appel d'urgence pour lever 12 millions de dollars [8,8 millions d'euros] d'aide [L'ONU a elle lancé un appel pour lever 260 millions d'euros].

L'isolement du Pakistan sur la scène internationale incite les donateurs internationaux à passer par les ONG plutôt que de verser une aide directe au gouvernement d'Islamabad. Un diplomate étranger travaillant en relation avec plusieurs agences humanitaires l'explique par le manque de confiance envers les autorités pakistanaises : "Nous ne faisons pas confiance à un gouvernement qui garde 90%[de l'aide] et n'en donne que 10% à la population".

Ali Chishti/courrier international

 

 

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29/09/2011
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