Un peu d'histoire sur cette merveilleuse ville.

Moulins devient la capitale du Bourbonnais au XV^e siècle. Les ducs de Bourbon y firent construire, vers 1340, un château qui supplanta leurs résidences de Chantelle et Bourbon l'Archambault. Le duché fût confisqué et réuni à la couronne de France après l'affaire de la "trahison" du Connétable Charles de Bourbon, en 1523. Patrie des maréchaux De Villars, Berwich et du poète Théodore de Banville. Des quartiers de Moulins portent leur nom pour les maréchaux et pour le poète, c'est un grand lycée qui porte le nom de Théodore de Banville.

La ville était entourée d'une enceinte dont il reste deux tours du XV^e siècle, la Mal Coiffée ; tour haute de 45 m, ancien château et devenue prison au XVII^e siècle et la tour de l'horloge avec son célèbre Jacquemart. La ville comporte un très bel ensemble urbain datant du XV^e et XVII^e siècle, des anciennes halles, la maison du doyenné, beaux hôtels particuliers et nombreuses maisons à colombages.

Au cours de notre visite dans les ruelles étroites nous avons pu admirer l'importance des travaux de réfection qu'ont mis en œuvre la municipalité et les propriétaires des maisons anciennes, ce qui donne un très beau cachet à ces vieux quartiers. La Mal Coiffée, ancienne prison est en cours de restauration, le magnifique pavillon d'Anne de Beaujeu abrite un musée avec des expositions permanentes.

La cathédrale, ancienne collégiale dont la construction date de 1300 environ, a été agrandie au XIX^e siècle. Elle possède de très beaux vitraux du XV^e siècle comparables à ceux de Chartres, de très belles grilles, une mise au tombeau en pierre, avec sept personnages grandeur nature et en habits bourguignons, une vierge noire en majesté, comme celles du Puy-de-Dôme et de l'Auvergne en général avec un enfant Jésus sur ses genoux qui, d'après une légende, veille sur la cité. Il fallut écourter notre visite dans cette magnifique cathédrale car, pendant les offices, les visites sont interdites. La construction est de style gothique flamboyant avec un mélange de pierres blanches et de lave de Volvic. Deux immenses flèches sont là, majestueuses, dans le ciel. Pour la décoration extérieure on peut voir des personnages sculptés : les hommes avec des instruments de musique (vielles, clarinettes, etc.) et les femmes coiffées de chapeaux "à deux bonjours" typiques du Bourbonnais. La visite de Moulins s'acheva au pied du Jacquemart et les deux groupes se sont retrouvèrent pour la photo de famille, dans les jardins sous le mur d'enceinte.

Le déjeuner à Souvigny, à 12 km de Moulins se déroula dans une bonne ambiance sympathique. Après ces agapes conviviales, nous étions prêts pour la découverte de Souvigny. Ce gros bourg est célèbre pour sa superbe église, ancien prieuré de Cluny, la plus vaste du bourbonnais, appelée "Saint Denis des Bourbons" car elle fût la nécropole des ducs. Souvigny et son église prieurale fait partie des cinq filles de Cluny avec Saint-Martin des Champs, La Charité-sur-Loire, Sauxillanges et Leaves dans le Comté de Sussex (Angleterre).

C'est Aymar, ancêtre des Bourbons, qui, en 915 ou 920, donna à l'abbaye de Cluny (fondée elle-même en 910) les biens qu'il possédait à Souvigny ainsi qu'une église dédiée à Saint Pierre. Les fouilles entreprises en 2003 par les professeurs Maquet et Chevallier, ont permis de mettre à jour les fondations de ces premières constructions.

Sous l'abbatiat de Mayeul, vers 960, Souvigny devint un véritable établissement monastique. Il relève alors directement de l'autorité de l'abbé de Cluny et il faut attendre la fin du XI^e siècle pour qu'un prieur en titre soit mentionné.

La mort à Souvigny de Saint Mayeul (le 11 mai 994) associée à celle de Saint Odilon (le 1^er janvier 1049) et le mouvement de pèlerinage qui en résulte, permet une expansion rapide du prieuré. Celle-ci ne devait pas se ralentir avant le milieu du XII^e siècle. Cette expansion est indissociable de l'ascension de la famille des Bourbons, fondateurs et protecteurs du monastère. Il a le droit de battre la monnaie, privilège concédé à des prieurés de 1095 à 1321, année où le roi de France rachète ce droit. Jusqu'à la fin du Moyen Age, Souvigny qui avait été la première capitale du Bourbonnais en demeure l'une des principales villes. La seconde phase d'expansion se situe au XV^e siècle. Elle est due à deux grands prieurs, Eudes de la Ferrière qui restaure une certaine rigueur dans la vie monastique à Souvigny avant de devenir abbé de Cluny et surtout, Geoffroy Chollet qui remit en ordre les finances du prieuré, accroît ses revenus et relève de leurs ruines l'église et les bâtiments conventuels. Là encore, cette période faste est associée au nom des Bourbons qui, après avoir pendant deux siècles délaissé Souvigny, y établirent à nouveau leurs sépultures et comblèrent le prieuré de largesses. En 1772, la sacristie baroque, vaste coupole posée sur un jeu de peintures rococo et de boiseries extraordinaires, puis l'orgue prestigieux, construit par François-Henri Clicquot, "facteur d'orgue du roy Louis XVI" en 1783, sont les dernières adjonctions apportées à l'église. En 1991, l'église retrouve sa vocation "prieurale" avec l'installation à Souvigny des frères de la congrégation Saint Jean."

La visite de cet ensemble majestueux a ravi les yeux. Le site prieural de Souvigny est un ensemble qui comporte musée, église Saint Marc (servant pour les colloques, concerts et conférences), église prieurale Saint Pierre et Saint Paul, auxquels il faut ajouter les jardins à la française des XVII^e et XVIII^e siècles, délimités par des carrés de légumes, de plantes ornementales et médicinales. Dans ces jardins, il fait bon se promener et ce havre de paix inspire à la méditation.

Pendant la visite guidée, nous avons admiré des vitraux des XV^e et XVI^e siècles et les chapelles qui conservent les tombeaux avec gisants des ducs de Bourbon : duc Louis II de Bourbon et Anne d'Auvergne, son épouse (XV^e siècle), puis les gisants en albâtre sur table en marbre noir de Charles 1^er de Bourbon et Agnès de Bourgogne (XV^e siècle). Dans la même chapelle, se trouve la tombe de Son Altesse Royale le Prince Sixte de Bourbon, fils de Robert de Bourbon, duc de Parme, arrière petit-fils de Charles X avec ces dates : 1^er août 1886 - 14 mars 1934.

La sacristie baroque du XVIII^e siècle est d'une beauté rare avec de très belles peintures et boiseries. Elle renferme un magnifique "chapier" (meuble à tiroir semi-circulaire contenant les chasubles et habits sacerdotaux), meuble très rare et ingénieux.

Dans les vitrines du musée, sont conservées de très belles bibles. A noter que les voûtes du cloître par lequel nous sommes sortis pour la visite du jardin et du musée, sont disposées en quinconce : fait exceptionnel. Une découverte a été effectuée au cours des fouilles et est exposée dans le musée. Il s'agit d'une partie d'une colonne du zodiaque, pilier en pierre octogonal du XII^e siècle, présentant sur ses faces historiées, le calendrier du zodiaque et des merveilles du monde.

Après cette très intéressante visite des lieux, il fût décidé de se rendre quelques kilomètres plus loin, pour visiter l'église de Saint-Menoux et son célèbre "débredinoir" (sarcophage de pierre avec une lucarne où l'on peut passer la tête). Se faire "débrediner" est une tradition à laquelle on attribuerait la guérison des "bredins" (mot désignant les simplets, ou simples d'esprit). Pour certaines personnes, le débredinoir fonctionnerait à merveille. Pour ma part, je n'ai rien remarqué depuis que j'ai passé la tête dans le trou.

L'église de Saint-Menoux présente un chevet qui s'impose par sa beauté, véritable chef d'œuvre d'art roman avec sa tour clocher carrée, rehaussée d'un accent gothique.

La soirée s'avançant tranquillement, il fallait rentrer dans notre bonne ville d'Aigueperse, mais il faisait encore chaud et une halte "obligatoire" fut décidée. Notre arrêt se fit à Contigny dans une cave du terroir de Saint-Pourçain. Les explications sur le vignoble et la fabrication du vin, la dégustation et les achats pour certains, permirent de conclure agréablement cette très bonne journée.

.

Recit  LOUIS CROCHET