Blablaterama ..le blog politique et poetique

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Liste des principales marées noires

 

18 mars 1967 - Le pétrolier Torrey Canyon s’échoue entre les îles sorlingues et la côte britannique : 120.000 tonnes de pétrole brut sont déversées en mer.

Le 18 mars 1967, le pétrolier libérien Torrey Canyon, armé par une filiale américaine de l'Union Oil Company of California, chargé de 121 000 tonnes de pétrole brut, s'échoue entre les îles Sorlingues et la côte britannique.

Malgré une mobilisation de tous les moyens de lutte disponibles, plusieurs nappes de pétrole dérivent en Manche, venant toucher les côtes britanniques et françaises. Il se révélera plus tard que certains des dispersants utilisés pour la lutte étaient plus toxiques que le pétrole.

Cet accident fait découvrir à l'Europe un risque qui avait été négligé. Il donne naissance aux premiers éléments des politiques française, britannique et européenne de prévention et de lutte contre les grandes marées noires.

 

16 mars 1978 Le pétrolier Amocco Cadiz s’échoue sur les côtes du Finistère : 220.000 tonnes de pétrole s’échappent tout au long du littoral.

Le supertanker américain "Amoco Cadiz" fait route vers Rotterdam quand à 9h45 l'homme de barre prévient le capitaine que le gouvernail ne répond plus. Le navire s'échoue peu de temps après sur les rochers de Portsall dans le Nord-Finistère. Plus de 200 000 tonnes de fuel brut s'en échappent. Les 42 hommes d'équipage sont sauvés avant que le bateau ne sombre. 360 km de côtes seront souillés par les nappes de pétrole et 200 000 hectares de surface marine pollués. Le capitaine de l'Amoco, Pascuale Bardari, sera placé sous contrôle judiciaire.

3 juin 1979 La plateforme de forage Lxtoc 1 explose dans le Golfe du Mexique : plus de 470.000 tonnes de pétrôle se répandent à travers le golfe.

19 juillet 1979Une collision entre l’Atlantic Empress et l’Aegean Captain provoque le déversement en mer de 280.000 tonnes de pétrole dans la mer des Caraïbes.

 

l'Atlantic Empress avec 276 000 tonnes de pétrole brut à bord et l'Aegean Captain avec 200 000 tonnes de pétrole brut à bord , se percutent , au large de Tobago , dans la mer des Caraïbes .
Les deux super-pétroliers prennent feu charge .

L'incendie à bord de l'Aegean Captain est maitrisé et le navire est remorqué dabord vers Trinidad puis Curaçao , tout en perdant de petites quantités de pétrole .
A Curaçao , le pétrole qui reste à bord est transférée dans d'autres navires .

Bien que l'incendie de l'Atlantic Empress fait rage , il est lui aussi remorqué vers le large , suivi d'une nappe de pétrole en feu .
Les 23 et 24/07/1979 , des explosions ébranlent le navire , renforcant le feu . Après ,
Le 29/07/1979 , le feu augement encore suite à une explosion très violente .
Le 2 août , se qui reste du pétrolier prend de la gîte et la marée noire s'accroît .
Le 3 août à l'aube , le plus grand navire jamais coulé , disparait au milieu du pétrole en feu et sous un gigantesque nuage de fumée noire .
L'Atlantic Empress a brûlé pendant 15 jours .
Le 09/08/1979 , toute trace de pétrole visible en surface a totalement disparu . Avec la perte de près de 280 000 tonnes de pétrole , cette accident constitue le plus important impliquant un pétrolier .

 

24 mars 1989 Le pétrolier Exxon valdez s’échoue en Baie du prince William, en Alaska : 42.000 tonnes de pétrole souillent plus de 2000Km de côtes.

 

La marée noire en Louisiane est présentée par les experts comme pouvant être, potentiellement, la pire subie par les Etats-Unis. Elle détrônerait alors l’Exxon Valdez de ce triste palmarès. Pour le moment, la catastrophe du 24 mars 1989 reste la plus importante qu’ont connue les Etats-Unis. Le naufrage d'un énorme pétrolier américain dans le détroit très poissonneux de Prince-William, en Alaska, avait entraîné le déversement de 42.000 tonnes de pétrole brut dans l'océan Arctique. Plus de 800 km de côtes ont été polluées par une nappe de 7.000 km2 (celle de Louisiane est estimée à 1.500 km2). Dans les premiers mois, Exxonmobil embauche 11.000 personnes pour effectuer le nettoyage des côtes, les oiseaux et les mammifères touchés par le pétrole brut. Quelque 1.400 navires et 85 hélicoptères sont aussi mobilisés pour l'opération nettoyage.

Officiellement, cet accident a provoqué la mort de 250.000 oiseaux marins, 2.800 loutres et 300 phoques. Mais les dommages sur l'écosystème sont, d'après certains spécialistes, plus importants. Seul un quart de la faune sous-marine a survécu, assure une étude de l’université de l’Alaska.

L'amendement «double coque»


Exxon Mobil, comme BP aujourd‚hui, a assumé l’entière responsabilité financière de la catastrophe. Au total, l'entreprise a déboursé 3,4 milliards d'euros pour le nettoyage des côtes et de la faune, ainsi que le dédommagement des pêcheurs. C'est le plus important montant dégagé par une société pétrolière après une marée noire. Toutefois, Exxon Mobil a été montré du doigt par les parties civiles. Les 30.000 victimes de l'Exxon Valdez ont attendus vingt ans pour être dédommagées à minima. Le groupe américain avait en effet été d'abord condamné en 1994 à verser 5 milliards de dollars de dommages aux habitants de la région, l'équivalent d'une année de bénéfices du groupe pétrolier. Mais après un recours, la Cour suprême a réduit en 2008 la somme à 500 millions de dollars.

D'un point de vue législatif, cette catastrophe a entraîné une révolution dans le monde du transport pétrolier avec un renforcement de la sécurité. A partir du 6 mars 1992 et le vote de l'amendement «double coque», tous les pétroliers doivent avoir une double coque. Cette mesure ne garantit pas pour autant le zéro risque. Le naufrage de l'Erika, au large  de la Bretagne en 1999, le rappelle.

 

Janvier 1991 La guerre du Golfe conduit à la plus grande marée noire de l’histoire humaine : plus de 700.000 tonnes de pétrole sont déversées en mer suite aux sabotages de l’armée irakienne.

Le 26 janvier 1991, en quittant le Koweït, l’armée irakienne sabote une grande partie des puits de pétrole de l’émirat, le terminal pétrolier de Mina al Ahmadi et des pétroliers au mouillage, cherchant à causer un maximum de dommages à l’industrie pétrolière du pays.

Entre 700 000 et 900 000 tonnes d’hydrocarbures se déversent en mer au fil des semaines, avant que les équipes d’intervention internationales ne parviennent à endiguer le flot. C’est la plus grande marée noire de l’histoire humaine.

puits de pétrole en feu

Puits de pétrole en feu (guerre du Golfe 1991)

 

11 avril 1991 L’explosion du pétrolier Haven, sur la côte Ligure, provoque le déversement de près de 130.000 tonnes de brut jusque sur la côte d’Azur.

 

Le 11 avril 1991, le pétrolier chypriote Haven, mouillé au large de Gènes (Italie), avec 144 000 tonnes de brut à bord, prend feu, explose et se brise en trois parties. L’une coule sur place et les autres en cours de remorquage. Malgré d’importantes opérations de lutte en mer, des nappes polluantes dérivent vers l’ouest, venant toucher de nombreux sites de la côte Ligure, puis de la Côte d’Azur française jusqu’à Hyères.

L’accident du Haven a soulevé des questions de fond sur les dommages écologiques et la restauration des fonds marins affectés, dans le cadre d’une législation nationale intégrant l’indemnisation du dommage environnemental.

 

5 janvier 1993Le pétrolier Braer s’échoue à la pointe sud des îles Shetland : 80.000 tonnes de pétrole se déversent en mer.

 

Ayant choisi la route la plus courte, mais aussi la plus dangereuse, pour se rendre de la Norvège au Canada, le pétrolier libérien Braer subit dans la nuit du 4 janvier 1993 une avarie de machine dans une forte tempête. En effet, de l’eau s’est infiltrée dans les soutes du navire. L’équipage est évacué le 5 au matin. Cette évacuation et l’absence de remorqueur de haute mer dans cette zone font que le navire s’échoue vers 11h20 à l’ouest de Sumburgh Head, au sud des îles Shetland. Il se brise progessivement laissant échapper sa cargaison de pétrole brut.

Du matériel de lutte et des spécialistes de la lutte antipollution sont rapidement mobilisés. Mais les conditions météorologiques interdisent toute intervention en mer et limitent sérieusement les opérations de lutte sur la côte. Ainsi la majeure partie du pétrole restant se déverse et se disperse grâce à l’action des vagues.

Les autorités décrètent une vaste zone d’interdiction de pêche autour du navire. Des fermes de saumon un peu plus au nord sont, elles aussi, touchées et se verront au fil des mois obligées de détruire leurs stocks de poissons, ayant atteint la taille commerciale, impropres à la consommation. Des troupeaux de moutons élevés en plein air souffrent également de cette pollution. Des aérosols d’hydrocarbures souillent les toits des maisons.

Plus de 2000 victimes réclament des dommages et intérêts à l’armateur, à son assureur et au FIPOL (fond international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par hydrocarbures). La plupart des demandes sont réglées à l’amiable dans la limite des trois ans autorisés par le FIPOL dans ce type de cas. Les autres demandeurs engagent des procédures juridiques qui seront l’une après l’autre réglées hors tribunal au cours des trois années suivantes, les dernières négociations sont conclues en octobre 2001. Le montant total des indemnités versées s’établit à £58,4 millions, dont £52,2 millions payés par le FIPOL.

 

12 décembre 1999L’Erika sombre avec à son bord 30.000 tonnes de fuel lourd.

 

Le 12 décembre 1999, le pétrolier maltais Erika, pris dans la tempête, se brise en deux au large de la côte bretonne de Penmarc’h (Bretagne, France) avec 31 000 tonnes de fioul lourd à bord. Près de 20 000 tonnes viennent souiller le littoral français sur plus de 400 km, du Finistère à la Charente-Maritime,
avec des conséquences importantes pour les activités halieutiques et touristiques.

Le fioul resté emprisonné dans l’épave est pompé pendant l’été 2000.

Si l'Erika avait été conçu en respectant les normes de sécurité en vigueur, ces cuves auraient été doublées et tout danger immédiat aurait été évité. Décidément, les petites économies des multinationales coûtent très cher à la planète.

 

19 novembre 2002 Le Prestige coule au large des côtes de Galice : plus de 50.000 tonnes de fioul souillent les côtes espagnoles et le littoral atlantique français.

Le 13 novembre 2002, le Prestige, un pétrolier en transit entre la Lettonie et Gibraltar, au large du cap Finisterre, près des côtes de Galice au nord-ouest de l'Espagne lance un appel de détresse . Dans la tempête il a une brèche de 50 mètres dans son flanc droit. L'équipage est évacué le 14 novembre, et le 16 alors que plus de 5 000 tonnes de fioul se sont déjà répandues polluant le littoral sur plusieurs dizaines de kilomètres, le gouvernement espagnol le fait remorquer loin au large. Après plusieurs tentatives de remorquage vers le nord-ouest (pour l'éloigner des côtes) puis vers le sud (pour l'envoyer vers le Portugal ?), le 19 novembre 2002, le navire se brise en deux à 270 km des côtes de la Galice et coule par 3 500 mètres de fond. Pendant les opérations de remorquage, il a perdu de 5 à 10 000 tonnes de fioul lourd (sa cargaison est de 77 000 tonnes de fioul lourd). Le navire ayant de nombreuses fissures, le fioul continue de s'échapper, les estimations parlent de 125 t par jour au bout de 4 semaines. Une gigantesque marée noire va souiller gravement les côtes de Galice, du Portugal, du Pays basque, d'Aquitaine, de Vendée, et du sud de la Bretagne.

Source Wikipédia:

 

(en 1994 en Russie)La troisième marée noire de l’histoire..

LA marée noire provoquée par la rupture d’un oléoduc dans la république des Komis, dans le Grand Nord russe, gagnait du terrain, ce week-end, accréditant de plus en plus la thèse d’une catastrophe pétrolière majeure. Les travaux de nettoyage se poursuivent, mais la Russie demande maintenant l’aide d’une organisation de protection de l’environnement dans l’Arctique, Northern Forum. Une compagnie pétrolière américaine avance le chiffre de 280.000 tonnes déversées alors qu’à Moscou, le ministère de l’Environnement parle de 60.000 tonnes, celui des Situations d’urgence de 30.000 tonnes et la compagnie pétrolière locale, KOMINEFT, de 14.000 tonnes.

L’oléoduc vieillissant aurait dû être remplacé il y a déjà deux ans, mais faute d’argent on avait retardé les travaux. Dans le chaos qui règne dans la nouvelle Russie, personne ne s’en est préoccupé, et le pétrole a continué à transiter par ces tubes qui fuient tellement que, selon les experts, 8 à 10% du pétrole transporté s’échappe dans la nature environnante.

Mais une fuite majeure en août, une autre en septembre vont donner de l’ampleur à ce qui devient une véritable marée noire. KOMINEFT aggrave alors les choses, en tentant d’abord de passer sous silence puis de minimiser le problème. Si le chiffre de 280.000 tonnes, repris par Greenpeace, se révèle exact, alors, cette marée noire serait la troisième plus importante de l’histoire. Par comparaison, l’échouage de l’« Amoco-Cadiz » en 1978 avait déversé sur les côtes bretonnes 1,6 million de barils.

Article paru dans l’humanité édition du 31 octobre 1994.

Les estimations des quantités d’hydrocarbures répandus varieraient d’un facteur cinq : 300.000 tonnes, selon une compagnie américaine opérant sur le site ; 60.000 tonnes, selon le ministère de l’Environnement russe. Et encore, ce dernier chiffre est-il le plus élevé admis jusqu’ici par des autorités russes : le ministère des Situations d’urgence n’a parlé que de 30.000 tonnes, tandis que, sur place, les responsables de la République des Komis réduisent le chiffre de moitié. Autant de versions marquées par la volonté de minimiser, à moins que ce ne soit - ce qui n’est pas contradictoire -, par l’état de déliquescence atteint par l’administration publique.

Une certitude : des milliers d’hectares sont touchés - la couche de brut atteignant par endroits plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur. Une autre certitude : l’apparition des fissures graves sur l’oléoduc reliant les puits de pétrole de la République des Komis aux grandes raffineries de la Russie centrale a été tenue secrète longtemps, puisqu’elle remonte à plusieurs mois en arrière. Probablement même davantage, les fuites qu’on rafistolait çà et là étant sans doute considérées comme acceptables. En deçà d’une certaine limite, franchie le 17 août dernier en vingt-trois endroits...

Un véritable flot d’or noir a surgi provoquant la pollution de la Kola et de l’Oussa, deux affluents du fleuve Petchora qui rejoint l’Arctique. D’où l’inquiétude de la compagnie pétrolière KomiNeft gérant le pipe-line, laquelle fermait l’oléoduc au terme de trois semaines de réflexion, le 6 septembre, pour des réparations d’urgence. On alla jusqu’à incendier le pétrole pour tenter de réduire l’impact. On bricola à la hâte trois digues censées contenir les fuites. L’installation remise en fonctionnement, quelques jours après, le 27 septembre, les pluies d’automne enmportaient tout : ouvrant les vannes à des milliers de tonnes de produits polluants qu’on avait négligé de récupérer.

A l’évidence l’installation est obsolète, si tant est qu’elle ait jamais fonctionné dans un strict respect de l’environnement. D’après certaines informations, l’oléoduc a été construit en 1988. D’autres parlent d’une machine vieille de vingt ans, rongée par la corrosion, et qui aurait subi un millier de fuites depuis le début de l’année. Il perdrait de 8% à 10% du pétrole qu’il véhicule. 12% à 14% des canalisations devraient être changées chaque année, mais seules 2% à 4% l’ont effectivement été ces dernières années, a expliqué le ministre des Situations d’urgence.

Depuis un mois que la perspective d’une catastrophe majeure se dessine, quelques mesures, dérisoires, ont été prises : pour l’essentiel l’envoi de sauveteurs armés de pelles. Les marécages compliquant la tâche d’éventuels moyens lourds de dépollution qui, de toute façon, ne semblent pas disponibles. Les Etats-Unis auraient proposé leur aide, mais les autorités russes affirment n’être pas au courant. La principale crainte est que la marée noire ne finisse par atteindre l’océan Arctique. Sur la base des chiffres les plus faibles, la catastrophe est d’ores et déjà l’une des plus importantes de ces dernières années. Et ce, dans un pays complètement paralysé par l’effondrement de ses moyens, gagné par la gangrène mafieuse, complètement à la merci des exigences financières internationales qui ne trouvent aucun interêt à investir dans la préservation de l’environnement (y compris les compagnies pétrolières qui profitent de la manne russe).

Dans un Etat qui n’a pas plus aujourd’hui qu’hier un rouble à consacrer à une action durable contre la pollution, la sûreté de ses intallations industrielles, ou la sécurité de ses centrales nucléaires, on peut craindre le pire. L’espoir ne réside plus que dans la rigueur du climat : le gel favorisant la concentration du pétrole en éléments solides et s’opposant à son infiltration dans le sol. C’est au moment de la fonte des glaces, au printemps prochain, que tous les problèmes risquent de se poser, avec la perspective d’une véritable débâcle.

LUCIEN DEGOY.

 

Ce triste bilan ne tient evidement pas compte des multiples dégazages, opérations au cours desquelles les pétroliers « nettoient » leurs cales en pleine mer, de manière on ne peut plus illégale. Sans conduire à une véritable marée noire, ce genre d’opération souille notre littoral de la manière la plus pernicieuse qu’il soit.

 

Pour en savoir plus

 

 

Dans le delta du Niger, cinquante ans de marée noire

 

Dans une indifférence quasi totale, la région marécageuse riche en hydrocarbures du sud du Nigeria est victime de pollutions pétrolières équivalentes depuis cinq décennies à deux à quatre fois celle du golfe du Mexique

« On déplore plus de 300 marées noires chaque année », s’indigne Nnimmo Bassey, président de Friends of the Earth International, un réseau mondial d’organisations environnementales. Le delta du Niger, région du sud du Nigeria gorgée d’un pétrole d’excellente qualité, a propulsé le pays au rang de premier producteur africain. Au prix d’une pollution dévastatrice.

Selon une étude publiée en 2006 par la branche britannique du World Wide Fund (WWF), l’Union internationale pour la conservation de la nature et la Nigerian Conservation Foundation, entre 9 et 13 millions de barils de pétrole, soit environ 1,5 million de tonnes, ont été déversés depuis cinq décennies dans le delta. C’est deux à quatre fois plus que la marée noire du golfe du Mexique et presque l’équivalent, chaque année, de celle causée par le naufrage du pétrolier Exxon Valdez en Alaska en 1989.

Dans un rapport publié l’an dernier, l’ONG Amnesty International qualifie la situation de « tragédie pour les droits de l’homme ». Les 30 millions d’habitants de cette région pauvre quadrillée d’oléoducs et parsemée de puits ont vu leurs ressources se dégrader au fil des ans.

Dix ans d'espérance de vie en moins

« Les habitants sont contraints de se laver, de boire et de cuisiner avec des eaux polluées. S’ils ont la chance d’en trouver encore, ils mangent du poisson contaminé par les hydrocarbures et d’autres toxines. Leurs terres agricoles sont détruites », détaillait lors de la publication du rapport Audrey Gaughran, spécialiste de la responsabilité des entreprises en matière de droits humains pour Amnesty. L’espérance de vie dans le delta serait de 45 à 50 ans, contre 55 à 60 dans le reste du pays, selon les autorités.

Identifier la cause de cette pollution s’avère difficile dans une région complexe et violente. Les défenseurs de l’environnement fustigent la négligence des compagnies pétrolières. « Les oléoducs, qui datent des années 1960, n’ont pas été entretenus correctement », estime Nnimmo Bassey.

Dans son rapport de 2009, Amnesty International met aussi en cause le gouvernement nigérian. Les compagnies pétrolières opèrent dans le cadre de coentreprises, détenues majoritairement par l’État. « Le gouvernement nigérian est conscient des risques que la pollution pétrolière fait courir aux droits de l’homme, mais a échoué à prendre des mesures », estime l’ONG.

Vol de pétrole brut

Selon Shell, premier opérateur du pétrole au Nigeria, les fuites sont largement causées par des actes de sabotage et par les voleurs de brut qui percent les oléoducs. « Ces deux causes ont été responsables de plus de 70 % des fuites d’installations appartenant à Shell dans le delta » entre 2005 et 2009, affirme le géant anglo-néerlandais.

Les données officielles et les observations du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) accusent aussi des groupes armés de saboter les installations pétrolières. Le raffinage clandestin de brut dérobé, très lucratif, serait courant.

Mais ces explications ne convainquent pas Nnimmo Bassey. « En affirmant qu’il s’agit de sabotages, les compagnies pétrolières se dédouanent. L’État et l’industrie considèrent la pollution continue comme la norme », affirme-t-il. Pour Kingsley Chindua, commissaire à l’environnement de l’État de Rivers, dans le delta, les torts sont « partagés » entre industrie, autorités et habitants. Reste que dans ces conditions, « aucune opération de nettoyage efficace n’est menée », s’alarme Nnimmo Bassey. 

Camille LE TALLEC

 

 




02/04/2011
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