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Racine. C'était le nom d'un corsaire local du XIX^e siècle : François-Médard, de son prénom. En 1813, il fait de l'anse Saint-Martin le point de mouillage de son lougre, L'Embuscade. Il y construit une jetée d'enrochements. « À cet endroit, il était bien placé pour aller pirater les bateaux marchands qui descendaient le raz Blanchard. Il n'avait pas loin ! », constate René Boivin, président de l'Association des usagers du port. L'activité du corsaire s'arrête en 1817, mais le port, lui, demeure.

De 1870 à 1876, une première jetée de 50 mètres est construite au Nord du port, sur le lieu de l'enrochement. Puis une seconde de 35 mètres au sud, en 1886. Des constructions en granit local, qui résistent au temps. Une passe de 11 mètres de large permet de laisser l'entrée aux bateaux de pêche.

Le plus petit port de France

Avec ses 800 hectares de superficie, on dit de port Racine qu'il est le plus petit port de France. Ici, on l'appelle d'ailleurs le « petit port ». Une affirmation qui n'est pas du goût de tous : « Chaque année, il y a des détracteurs, s'amuse René Boivin. Pourtant, c'est vraiment le plus petit port. Évidemment, certains lieux sont plus petits, mais il n'y a pas de maçonnerie. Ce sont juste des abris, pas un port », assure-t-il.

Si la petitesse du lieu le rend si célèbre, elle ne permet au port que d'accueillir 27 bateaux, qui ne peuvent excéder cinq mètres. Et les places sont chères : 37 personnes sont sur liste d'attente. Pour que toutes les embarcations tiennent dans le port, elles sont amarrées grâce à un système de cordage qui fait la spécificité du lieu.

Affaires de famille

Jusqu'en 2009, les places étaient attribuées aux descendants d'un pêcheur lorsque celui-ci mourait. Depuis, cette méthode est interdite. Mais la fréquentation du port Racine reste une affaire de famille. René Boivin y pêche, tout comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père : « Ça ne remonte pas au corsaire, mais presque », ironise-t-il. Nombreux sont ceux dans ce cas, originaires de la région ou « horsains » habitués du lieu pour les deux mois d'été. Ces derniers constituent près de la moitié des propriétaires de bateaux amarrés ici.

Des pêcheurs professionnels aux amateurs

Jusque dans les années 1950, les pêcheurs étaient encore des professionnels. Ils ont peu à peu disparu, avec la mécanisation : « Les grands bateaux de 10 mètres ne peuvent pas rentrer ». Demeurent aujourd'hui les pêcheurs amateurs. D'autres activités se pratiquent à port Racine, comme la pêche à la ligne ou la baignade. René Boivin y a appris à nager. Jacques Prévert y venait également, quand il vivait à Omonville-la-Petite. Mais pour profiter pleinement du lieu, avis aux matinaux : unanimes, les pêcheurs du port Racine l'affectionnent particulièrement le matin, pour le calme et « la lumière, car le soleil se lève juste au-dessus de la jetée ».