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La légende du TGV

Les trentenaires, à peine nés alors, l'ont oublié. Mais à son lancement, en 1981 entre Paris et Lyon, le TGV était une fête. Saviez vous que, pour obtenir une place dans ces incroyables machines qui avalaient les kilomètres avec un appétit gargantuesque, les premiers passagers du TGV devaient réserver six ou sept mois à l'avance ? Comme le héros rabelaisien, selon la légende qui l'a vu naître, le TGV transformait tout sur son passage, ramenant Lyon à près de deux heures de Paris.

"C'était la première fois dans le monde que des clients circulaient sur des rails à 260 km/h. Une fanfare donnait le ton au départ, l'ambiance allait croissante.

Le TGV est passé de 200 à 260km en quelques minutes, c'était exceptionnel [...] Certains sortaient leurs cartes du tracé, des américains s'amusaient à parier que le train déraillerait, les bouchons de champagne sautaient...", se souviennent Florence et Daniel Véron, deux passionnés qui étaient du voyage. Pendant quelques années de petits panneaux lumineux à l'intérieur des trains ont permis aux voyageurs de suivre en direct leur accélération. Puis les panneaux ont été enlevés. Le TGV s'est banalisé.

Catastrophe la veille du Jour J

Pourtant, le premier TGV a essuyé tous les plâtres. Saviez-vous que, la veille de l'inauguration, il a bien failli faire faux bon à la cérémonie faite en son honneur, en présence du président François Mitterrand ?

"Le 21 septembre 1981, la foudre a frappé le poste de régulation sécurité et la sous-station de Toutry [en Bourgogne], détruisant une partie des installations électriques. Catastrophe ! Il était impensable de remettre l'inauguration.

Heureusement, la section nord était encore en travaux (sa mise en service n'était prévue qu'en 1983). Nous avons récupéré en urgence une sous-station en cours de montage et nous l'avons envoyée à Toutry. Le train présidentiel à 'fait l'heure' sans que personne ne se doute de l'incident !", rapporte Jean-Pierre Paszko, à l'époque adjoint au chef de district de la SNCF.

Le tournis du (très) haut débit

L'histoire du TGV est ainsi pavée de défis qui ont débouchés sur des innovations technologiques à portée mondiale. Il en est ainsi du "haut débit". Saviez-vous qu'en France circulent, sur les lignes les plus denses, jusqu'à un TGV toutes les 3 minutes ? Et cela jusqu'à 320 km/h ? Comment est-ce possible ? Grâce à un système de signalisation (le TVM 430) qui transmet en temps réel plusieurs milliers d'informations au train, via un circuit électrique passant à travers les rails.

Il ne faut plus alors que 9 kilomètres à un TGV lancé à pleine vitesse pour s'arrêter. Résultat : la ligne Paris-Lyon accueille aujourd'hui 180 rames par jour environ, pour une capacité maximale de 200 TGV. La France est quadrillée de TGV.

Les archéologues à pied d'œuvre

Avant le règne des rails et du ballast, néanmoins, il a fallu faire place nette. Saviez-vous que, en partenariat avec l'association pour les fouilles archéologiques nationales, le TGV a mis au jour de superbes vestiges insoupçonnés jusqu'alors ? Dans le cadre de la construction de la LGV Nord, qui relie Paris à Calais, 89 sites ont été fouillés. À Fresnes-lès-Montauban, dans le Pas-de-Calais, une nécropole de l'âge de bronze a été découverte. À Verberie, c'est une ferme gauloise qui a été déterrée!

Chasseurs ferroviaires

L'environnement est en effet une préoccupation constante pour le train à grande vitesse, exigeant des réponses en continue. Ce qui a par exemple donné naissance à un métier insolite : celui de chasseur ferroviaire. Ils sont quatre sur le réseau – deux sur la LGV Lyon, un sur la ligne Méditerranée, un autre sur la LGV Est – à traquer le gibier insoumis (qui n'emprunte pas les passages prévus sur et sous les lignes ferroviaires).

En accord avec les associations de chasse, la team attend les instructions de la SNCF : lorsqu'un conducteur de train aperçoit un gibier le long de la voie, il le signale au poste d'aiguillage concerné, qui envoie un SMS aux chasseurs, pour éviter que les animaux ne viennent heurter les trains en marche. Et cela, le saviez-vous ?

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